Parmi les nombreuses constructions antiques persistantes de nos jours, certaines sont encore fonctionnelles. L’une des plus intéressantes est l’aqueduc reliant Zaghouan à Carthage, permettant l’adduction d’eau vers les Termes d’Antonin. Partons à la découverte de cet ouvrage rénové récemment.
La visite débute à Zaghouan, où se trouve la principale source captée.
Venir à Zaghouan
Pour s’y rendre, depuis Tunis : prendre la route de Zaghouan, tout simplement (c’est indiqué dès la sortie de Tunis en direction d’Hammamet). Compter environ 1h de route.Il est également possible de venir depuis Hammamet et Nabeul, en 1h.
Dans Zaghouan, suivre les panneaux « Temple des Eaux », depuis le rond-point du Magasin Général. Il y a environ 2 km, faisables à pied ou en voiture. La route grimpe au-dessus de la ville, en passant devant la Garde Nationale puis devant le siège du gouvernorat. Après quelques zig-zag au milieu des cyprès, on arrive au niveau du Temple des Eaux.
La source
Connue depuis toujours, cette source (aïn en arabe) sort par une faille au niveau du Temple des Eaux. La présence de cette source dans ce secteur s’explique par le positionnement et la nature du massif de Zaghouan (1295 m).En effet, le massif s’élève au dessus des plaines environnantes. Les nuages s’accrochent facilement aux pentes, les pluies sont donc relativement importantes sur les flancs du Djebel.
L’autre particularité du massif réside dans sa géologie : il est composé de calcaires datant du jurassique. Ces roches, sous l’action de l’eau, se dissolvent, formant un véritable gruyère souterrain. Ainsi, de nombreux gouffres existent dans le djebel et sont explorés par les spéléologues. L’eau s’y infiltre et ressort au niveau de quelques points stratégiques.
Dans le cas du Temple des Eaux, une faille permet de drainer les eaux, créant la source. Les spéléologues des clubs de Zaghouan s’activent dans ce secteur, dans l’espoir de trouver un accès à un réseau actif. Sans succès pour le moment…
La source est toujours visible au niveau du Temple des Eaux. L’eau se situe environ 17m sous la plaque protégeant l’accès aux galeries de captage.
Le Temple des Eaux
Cette source est donc captée depuis l’an 130 après JC environ. C’est l’empereur Hadrien qui lança les travaux de construction et édifia un Temple au niveau de la source principale.Cet espace a fait l’objet d’un programme de restauration important ces dernières années. Sa visite est devenue très intéressante. Le Grand Temple possède en effet une architecture très bien conservée. Il ne manque que les statues qui ornaient les portiques, transférées au Musée du Bardo.
D’autres structures sont encore presque intactes, comme le Petit Temple (probablement destiné à l’alimentation en eau de Ziqua, l’ancêtre de Zaghouan) et le Grand Bassin.
L’aqueduc vers Carthage
Dès sa construction, le captage de la source était destiné à l’alimentation en eau de Carthage. Il a donc fallu acheminer les eaux vers la ville. Ainsi, des travaux colossaux ont été entrepris. Imaginez donc :- un total de 132 km de réseau, tantôt aérien (aqueduc), tantôt souterrain
- deux ramifications : une venant de Zaghouan, l’autre venant d’Aïn Jouggar, plus au sud
- quatre sources captées : deux à Zaghouan, deux à Aïn Jouggar
- un débit estimé à 30 000m3/jour
- réalisé au IIème, réutilisé aux Xème, XIIIème et XIXème siècle. Certaines portions sont encore utilisées de nos jours
En se baladant dans la région, on pourra tomber sur des vestiges du complexe hydraulique. Par exemple, au niveau du village de Bent Saïndane, la ramification venant d’Aïn Jouggar traverse l’oued Gouissate. Un bel aqueduc a été construit pour franchir la vallée.
Aucune indication ne signale cet ouvrage. La surprise est totale au détour d’une piste…
Son état de conservation est impressionnant. Il est intéressant d’observer sa construction. En effet, chaque partie des arches est réalisée avec une roche spécifique. Les bases sont en calcaire, compact et résistant. La partie supérieure est en marne, plutôt imperméable afin de diminuer les fuites. Par ailleurs, on trouve de nombreux fossiles dans ces matériaux, comme cet oursin :
Enfin, vous longerez sur plusieurs kilomètres l’aqueduc sur la route reliant Zaghouan à Tunis.
Les arcades sont spectaculaires notamment entre Oudhna (site archéologique très intéressant dont je vous conseille la visite lors du retour vers Tunis) et Mohammedia, suspendues à une vingtaine de mètres.
De nombreux vestiges sont visibles à Tunis (Bab Saadoun) et à Carthage, bien entendu. Les eaux étaient récoltées dans les immenses citernes de la Maalga et permettaient l’alimentation des Thermes d’Antonin. Nous en parlons dans l’article consacré au site archéologique de Carthage.
Enfin, sachez que l’ensemble du complexe hydraulique figure depuis février 2012 dans la liste indicative des sites exceptionnels proposée par la Tunisie auprès de l’UNESCO.
Quelques infos pratiques complémentaires
Zaghouan est une excellente base arrière pour découvrir la région :- Le djebel Zaghouan est idéal pour pratiquer les activités de montagne comme l’escalade, la spéléologie, le canyon, le VTT… Pour plus d’informations, je vous conseille de contacter mes amis de l’Association Escalade Spéléologie de Zaghouan (Site web, page Facebook)
- De nombreuses randonnées sont possibles sur le djebel, nous en présentons quelques-unes sur le site (Pic Zaghouan par Bougabrine, par Sidi Mediene, le Col Vert…)
- Plusieurs sites archéologiques intéressants se trouvent à proximité : Oudhna, Thuburbo Majus, Djebel Oust par exemple.
- N’hésitez pas également à passer un peu de temps dans le centre ville de Zaghouan, à chercher les multiples fontaines par exemple. Profitez-en faire une pause dans une patisserie et repartir avec quelques kaak warka, succulents
Bonne visite !
temple de zaghouan
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